oui c'est pas un scoop je sais ! ;-)
Ca date d'un an environ ...vous le saviez peut-être mais moi je débarque de ma lune et je tombe sur ça par hasard ...et je tombe de haut !
Je suis dégoûtée ...ah! le pouvoir de l 'argent !
Je n'étais pas une fidèle de Sanoflore ...mais ...et les autres vont-ils se laisser acheter aussi ?
Quand l’Oréal achète Sanoflore
Entre éthique et immoralité
Voici une petite histoire vraie qui montre que
notre société de consommation actuelle va avoir bien du mal à se sortir
du cercle de corruption et de manipulation dans lequel elle évolue, et
ce parfois contre son gré. Menée par des groupes peu scrupuleux,
amateurs de revenus, elle a et aura encore beaucoup de chemin à faire
avant de s’inscrire dans de réelles et concrètes démarches éthiques,
favorables au respect de l’homme et de l’environnement.
Alors qu’au jour d’aujourd’hui la
question est à l’heure d’écologie et de protection de l’environnement ;
alors que de petits producteurs travaillent naturellement la terre pour
éviter trop de ravages industriels ; alors que des chercheurs
démontrent les effets néfastes et mortels de certains composants
chimiques présents dans les produits cosmétiques et d’hygiène ; alors
que les écologistes mettent en avant les difficultés à rétablir une
situation saine pour la planète et vitale pour les générations
futures ; alors que des petits vendeurs essaient de percer sur le
marché actuel pour faire valoir les effets de produits sains et
authentiques ...
D’autres se plaisent à faire fluctuer
leur cynique pouvoir. Quel intérêt finalement de s’inscrire dans une
attitude différente, de changer les habitudes, les modes de fabrication
et de commercialisation quand industrie égal profit ? Il est tellement
plus facile d’instaurer certaines stratégies ... et leurrer son monde.
C’est l’histoire
du géant de la cosmétique qui prône le naturel et d’un laboratoire de
la cosmétique végétale qui voulait se faire aussi gros que le premier.
Pour certains qui ne le sauraient pas
encore, me voici désormais dans la Drôme. L’un des premiers
départements français en matière de cultures biologiques. C’est
d’ailleurs ici, dans le Parc Naturel Régional du Vercors, qu’est
implanté le Laboratoire Sanoflore, pionnier de la cosmétique végétale
et fervent défenseur de cultures aromatiques et médicinales, certifiées
sans désherbant ni pesticide de synthèse, sans conservateur ou autre
substance chimique. La charte instaurée démontre d’ailleurs bien
l’engagement du laboratoire pour le bien-être, la qualité,
l’environnement et le monde rural. L’idée voit le jour en 1972 sur les
pentes sud du Vercors. En 1977 Sanoflore, ou plutôt la ferme Sanoflore,
développe ses premières cultures biologiques. En 1986, le Laboratoire
Sanoflore apparaît et préconise l’unique utilisation d’ingrédients
d’origine végétale ainsi que l’exploitation privilégiée de matières
végétales issues de l’agriculture biologique... sans aucun doute, une
moralité qui est à l’époque déjà bien fondée... loin de celle de
l’industrie cosmétique. Tous les produits cosmétiques Sanoflore sont
ainsi certifiés Ecocert et bénéficient du label « Bio ».
Je me suis rendue il y a quelques
jours dans ma petite boutique bio favorite. Dans mon panier, quelques
fruits et légumes, du thé, la mousse nettoyante Sanoflore. La vendeuse
me signale que c’est son dernier flacon et qu’il est d’ailleurs en
promotion. Quelle ne fut pas ma surprise et ma déception d’apprendre
que mon vendeur bio ne commercialiserait dorénavant plus les produits
Sanoflore. La raison ? Le Laboratoire vient d’être racheté par le
numéro 1 mondial de la cosmétique : L’Oréal. Je comprends alors très
bien la volonté de mon vendeur bio de ne pas vouloir participer à cette
nouvelle association .... L’éthique et les principes qu’il préconise
vont totalement à l’encontre d’une éventuelle apparition de L’Oréal
dans sa boutique bio ... quand on sait que les composants présents dans
les produits L’Oréal sont en majorité jugés critiques, leurs effets sur
l’environnement et sur notre santé étant loin d’être reconnus anodins :
pour ne pas les citer, et parmi tant d’autres, PEG-15 de la famille des étoxyliés ou encore DMDD hydantoin,
des libérateurs de formaldéhyde (conservateurs chimiques libérant du
formaldéhyde substance classée « cancérogène certain », génotoxique et
toxique pour les fonctions de reproduction).
Alors c’est ainsi que le grand groupe met la main sur le laboratoire drômois, dans « l’ambition
d’internationaliser Sanoflore afin d’en faire bénéficier les
consommateurs du monde entier dont l’appétence pour les produits
naturels et bio ne cesse de croître ». Après tout, pour 19 marques
déjà acquises, un chiffre d’affaires de 11,6 milliards d’euros et 496
millions d’euros investis en Recherche et Développement, une telle
acquisition n’est pas étonnante ; il est même normal me direz-vous que
le leader international souhaite avoir le monopole. Ou bien peut-être
a-t-il eu tout simplement peur du succès grandissant de Sanoflore ?
Avec un chiffre d’affaires de 9,8 millions d’euros (au 31 décembre
2005), l’activité de ce dernier se porte en effet plutôt bien.
Il est blâmable que Sanoflore,
laboratoire engagé dans une éthique naturelle et dans le maintien de
l’équilibre du tissu socio-économique en milieu rural, s’associe avec
un grand groupe industriel, dans le but « d’accélérer
[son] développement en France comme à l’international tout en
réaffirmant l’identité de [son] entreprise et ses liens étroits avec la
filière d’approvisionnement en ingrédients bio », selon les propres
termes de son Président-directeur-général. Cette collaboration qui vise
le marché international nous pousse à revoir la définition
d’agriculture biologique et d’ingrédients biologiques, ces derniers
alléguant les valeurs naturelles et le respect du milieu
environnemental, mais également la culture locale. Avec une telle
ambition commerciale nous pouvons nous soucier quant à la considération
de la charte instaurée par Sanoflore : l’augmentation des ventes et des
exportations ne s’opposent-elles pas aux principes du développement
durable qui proclame entre autre un commerce de proximité pour diminuer
les émissions de CO² dans l’atmosphère. S’installe ensuite un plausible
cercle vicieux : augmentation des ventes → augmentation de la
fabrication → augmentation du personnel mais aussi des matières
premières → volonté de vouloir plus de matières premières en un temps
restreint pour répondre au mieux à la demande → non respect des
engagements de départ (comme le travail avec des agriculteurs
biologiques locaux) → utilisation de pesticides de synthèse pour
obtenir un meilleur rendement → diminution probable de la qualité des
matières premières → diminution de la qualité des produits finis →
l’utilisation éventuelle de pesticides amène à la suppression du label
Bio-Ecocert. Il s’agit bien sûr ici d’hypothèses et non de certitudes.
Il ne m’est pas permit de prévoir assurément l’évolution de la
situation ; peut-être les intentions de L’Oréal sont-elles de
s’inscrire dans une éthique naturelle et biologique _ et nous ne
pouvons alors qu’aller dans le sens de cette volonté _ néanmoins le
rachat de Sanoflore lui était-il indispensable ?
A l’heure où les consommateurs
prennent de plus en plus conscience de la qualité des produits naturels
et de leurs bienfaits sur la santé et l’environnement ; à l’heure où
les adeptes de cosmétique quittent les parapharmacies pour se rendre en
boutiques bio ... L’Oréal peut-il confirmer le souhait des boutiques
naturelles de continuer à commercialiser les produits Sanoflore ? Dans
le cas où elles fermeraient leurs portes à « L’Oréal-Sanoflore », ces
deux derniers peuvent-ils affirmer le succès des ventes en
parapharmacies ou en grandes surfaces tout en prônant le bio ?
Un point noir reste à évoquer ; et
c’est cette dernière idée qui peut vraisemblablement nous faire
critiquer l’union L’Oréal-Sanoflore. Si des laboratoires bio
s’associent à des multinationales industrielles, et si ces dernières
arrivent à convaincre les premiers, n’y a t-il pas là urgence à
craindre et à dénoncer un phénomène de mode et de paraître plus qu’une
attitude responsable à s’engager pour faire évoluer les choses dans le
bon sens ? Voilà que bientôt les grandes industries de la cosmétique
achèteront leur certification Bio !
Cécile TELLIER
Mis en ligne le mercredi 29 novembre 2006, par Cécile Tellier
source: www.hns-info.net :lien direct